AGNI-peintre
MOI ET LES PROJETS :
J'ai toujours porté plusieurs projets en parallèle. Tous ont toujours été évolutifs, dans le sens qu'il y a une intention, Une visée, une estimation du contexte et une réalisation finale.
Certains projets n'ont jamais vu le jour hors de la feuille de papier, d'autres se sont enlisés, quelques-uns ont muri à terme, et d'autres sont toujours en maturation.
Le départ, s'il est relativement clair "dans la tête", est toujours boueux, inconsistant, peu lisible mais avec le temps
j'ai appris à faire des haltes, des ilôts. Le plus simple est d'ausculter notre méthode de la table A4, qui permet de travailler avec une ou plusieurs équipes, simultanées ou successives.
Il y a bien entendu quelqu'un ( moi en l'occurence) qui tient la ligne ou donne la direction. Mais le projet en lui-même
murit grâce à l'apport de beaucoup. Ainsi beaucoup sont les chefs d'une étape ou d'une autre.
Je distingue les travaux qui sont de mon initiative et que je ne peux réaliser que moi-même, de tout ce qui jaillit "pour les autres". J'ai toujours pensé que la création ne pouvait être que communicative et faire des émules.
Cette attitude qui peut fonctionner dans une société de partage, donc d'un futur paradis hic et nunc, est problématique dans une société de compétitions: combien sont partis en pensant faire leur beurre avec des amorces
de projets qui n'étaient pas les leurs et qui n'ont pour finir rien produits, pensant que cela leur était dù.
QUEL CONTEXTE ? :
Vu rétrospectivement, tous mes projets visent une situation paradisiaque dans un future plus ou moins proche. J'ai été bercé dans l'illusion que le monde allait rapidement s'améliorer après la débâcle de la deuxième guerre mondiale.
Cette illusion était confortée par ma situation géographique de Suisse en Suisse,qui pouvait faire croire à une situation miraculeuse, mais qui explique aussi mes illusions culturelles issues soit du contexte mittel Europa ( Genève, le bastion ouest de cette culture-lire ....-) intensifié par une grand-mère morave, écoutant le pianiste Brahms et m'expliquant notre culture à partir du traité de Westphalie, soit aussi du contexte de l'histoire de l'art vue de la France et de l'Italie.
Impossible de résumer cet amalgame, complexifié encore par mes expérimentations amoureuses et culturelles ( ma mère pratiquait le Yoga, et j'ai été initié à la pratique du za-zen par Gendo Hiraï, disciple du maître Gen Po, ai étudié la peinture à l'encre de chine japonaise, mais ai pénétré tous les mouvements ésotéristes et maçoniques.
En fin de compte, je suis resté artistet-peintre-plasticien et n'ai jamais cessé de travailler comme tel, ce que je fais toujours aujourd'hui en 2015.
Je n'ai jamais perdu de vue la question éthique qui pour simplifier se nomme le bien de l'espace public. Je croyais dur comme fer que la veine créatrice menait vers le bien
dans le sens le plus concret, le plus abstrait et le plus spirituel. Je constatais régulièrement les paradoxes, oppositions, contradictions, mais ai toujours fait confiance à ma pratique de peintre, sculpteur, dessinateur ou graveur.
J'avais quand même tort ! Et je m'en suis rendu compte en prenant connaissance par hasard de la Révélation d'Arès qui me démontrait que le mal qui sévissait dans le monde autour et en dedans de moi-même ne pouvait pas être combattu "avec la peinture".
Depuis ce moment je me suis rendu compte que la culture, ma culture s'appuyait sur des "affirmations" non vérifiée ( j'avais été préparé à ce questionnement par mon épouse qui pendant 10 ans avait étudié le questionnement de Léon Shestov).
Ainsi j'ai découvert que je m'appuyait sur une notion d'âme "à la grec", profonde, merveilleuse, mystérieuse, espèce de boule ( les auréoles...), bien centrée "au coeur de l'être", permettant d'accéder à des hauteurs (ou profondeurs) qui s'étageaient comme on nous l'explique dans les ésotérismes, du concret vers les abstractions menant
indubitablement vers la spiritualité. ( il ne s'agit évidemment pas des déviations
criminelles tels que le temple solaire et autres mouvements épris de pouvoir).
Mais tout de même : je constatais que oui, le mal ne diminuait pas sur cette planète, ni autour de moi, ni en moi-même, et que l'âme à la grec était un mythe arangeant les puissants, tout comme les théories de la réincarnation.
Shestov m'a bien aidé à voir les limites des abstractions idéelles. Oui les beaux idéaux prononcés et mis en action par la pensée abstraite ne fabriquait que des états de droit et des réglementations surexpensives.
(Oui il y a cette réalité provisoire des états de droit), mais arrivons-nous par ce biais éradiquer la misère, celle que nous produisons comme effets collatéraux ?
Bien évidemment non. Et l'exploitation éhontée des biens de la nature qui sont indispensables pour un futur agréable rend la situtaion encore plus périlleuse.
Bref, pour moi il est clair que les philosophes n'ont pas trouvé la solution. ( J'admire cependant la plus-part de leurs travaux...). mais voilà : ni eux, ni la science, ni les politiques, ni les religieux n'abordent frontalement la question du mal lié au
déterminisme du monde. Alors on ne voit pas la question "comment être sauvé de cette cage ?"
La Révélation d'Arès fait front et montre aussi qui avant Michel Potay a affronté courageusement cette question.
Pour ma part, j'ai commencé à dévaloriser ma propre mythologie en nommant très crument l'âme "amalgame adipeux", un sac poubelle qu'on portait comme doivent se coltiner ceux qui doivent porter des poches digestives ou des sacs urinaires.
En parallèle, prenant mieux connaissance du livret du Couronnement de Poppée de
Monteverdi, je commencai à être suspicieux quant aux chefs-d'oeuvre, les considérant comme des pépites réalisées malgré le contexte culturel. Le livret du Couronnent est explicite.
C'est par ce biais que je me suis mis à me concentrer sur le travail d'esquisses réitérées en quête d'orientation, l'esquisse étant à mon avis l'activité minimalement
"occupée" par la culture, ses poncifs et ses dictats. Même le philosophe n'y a pas accès.
Le moment de l'esquisse, parce qu'il ne peut être qu'individuel et qu'il est éclairé par un minimum de conscience, est le moment où je peux recommencer à représenter le monde en utilisant tout juste le nécessaire aussi peu connoté par l'état culturel ambiant que possible.
Le moment de l'esquisse croise toutes sortes de routes, de jonctions sur le ton badin, léger comme en lévitation, sans vergogne et se moquant des conventions.
Un moment de joyeux bonheur que l'on peut éternellement recréer.
Bien sûr, c'est peu de chose et le sérieux de l'histoire nous enjoint de ne point nous s'y arrêter pour foncer vers les réalisations complètes ( entendez, commerciables, valorisables etc).
L'art de vivre, de faire de l'artiste, c'est justement de ne pas prendre ces routes de la tentation..
afin de ne pas alourdir ces questions qui me passionnent (!) jetons dans le panier le domaine de "la petite musique" qui peut courir dans les textes, la musique jouée, la danse, la peinture etc.
Au milieu du XXème siècle, le monde artistique était très sensible à cette "petite musique" qui faisait d'une oeuvre, une oeuvre d'art.
Il ne s'agit ni de la narration, ni du rythme ou du déploiement des couleurs, mais d'un amalgame mystérieur que les doctes arrivent à décoder après d'importants efforts, mais n'arrivent pas à appliquer. Le résultat : une armada d'historiens d'art et de philosophes incapables de nous aider. Nous ? Oui nous les artistes recommençons toujours avec les mêmes interrogations pour ne pas dire angoisses. N'y aurait-il pas un petit harnais magique qui nous aiderait à nous ballader dans le vide ?
Je propose de faire plus de lumière ( je demande à ce que soit fait plus de lumière) sur la différence entre la petite musique et le moment de l'esquisse et ce qui les relie finalement dans l'oeuvre.
De la part des artistes : je crois que chaque artiste sent que la direction que prend l'oeuvre est celle que donne un ensemble d'esquisses. Nous travaillons un peu comme le conducteur de wagonnets dans les mines, qui éclaire les wagons plutôt que l'avant, pour éviter de perdre un wagonnet en route. (C'est ainsi que j'ai voyagé dans quelques tunnels sous quelques km de roches).
le code secret est bien dans le présent de l'esquisse, mais invisible à nos yeux qui distinguent bien que nous passons en quelques fractions de secondes dans toutes sortes de pays connus, mais qui n'arrivent pas à donner une forme bien lisible au nouveau pays qui est en train d'exister.
Dans ces moments on ne l'imagine pas du tout, on "sent" quelque chose et ce "sentir" a affaire avec la petite musique.
On sent que le trajet sera long. Il faut donc s'organiser pour patienter et favoriser le très long accouchement, périlleux jusqu'au bout.
QUELS PROJETS ?
Le mot CADRE et le mot ESQUISSE
sont pour moi significatif.
L'esquisse est liée à ce qu'il y a de plus intime, personnel, singulier. C'est le moment chaud de la création artistique véritable.
Le cadre : il y a toujours un cadre établi sur les principales valeurs de notre société. J'estime qu'il y a actuellement disfonctionnent entre ce cadre ou les cadres dans lesquels on voudrait faire intervenir l'intimité de l'esquisse individuelle.
Donc : intégrer le processus de création dans l'espace public qui est le cadre par excellence est un thème central dans mes préoccupations.
Mes projets sont :
Le groupe Vaisseau,
Micropolis,
the Wall ( le plus beau mur du moyen-orient).
Les projets Rhéokaliphore et Safane.
ESQ-CADRE.
Le projet qui sous-tend
ma peinture.
le Sceaux-brillant.
J'ai tenté de réaliser une première maison du bonheur à Drize (carouge),que j'ai du
abandonner. J'ai recommencé à Saubraz.
Et, vu la situation difficile,
j'ai décidé de participer en première ligne à la diffusion de la Révélation d'Arès, donc à la mission qui incite chacun à pratiquer la pénitence arésienne, qui se trouve à la jonction de l'individu et de l'espace public.
Il me plait donc de faire se coïncider ces deux recommencements, de les conjuguer et d'en faire le thème central de ma vie.